Hôtel des Trésoriers

Localisation :

Tours, 20 rue du Commerce

Dates :

v.1545-1550

État du batiment :

Détruit

Hôtel des Trésoriers, carte postale, Tours, Archives départementales d’Indre-et-Loire, 10Fi261-0738. Crédits : Archives départementales d’Indre-et-Loire, 10Fi261-0738

Avant sa destruction par les bombardements de 1940, au 20 rue du commerce subsistait l’hôtel Gazil, dit « des Trésoriers » [Base POP, IA00071273], qui avoisinait les vestiges de l’église Saint-Saturnin. Cet édifice abrita, de 1662 à 1669, le premier séminaire du diocèse de Tours, en 1682, il appartint à Pierre Gazil qui lui donna son nom, puis il devient le presbytère de l’église Saint-Saturnin. L’hôtel était situé dans la Grand-Rue, la plus grande de la ville de Tours, et prenait place sur une parcelle étroite développée en profondeur. Ce plan, plutôt courant pour les maisons, et plus particulièrement pour celles à pignons sur rue bordant des voies passagères et commerçantes, s’adaptait aux contraintes topographiques du centre de la ville de Tours. Mais celui de l’hôtel Gazil présentait une longueur plus importante, comparable à ceux de l’hôtel Goüin et de l’hôtel dit Maison de Tristan L’Hermite ou Hôtel de Pierre du Puy Selon un plan de 1786 [FRAD037_V_1_1_5_002], le plan de l’hôtel se composait d’un corps de logis avec, à l’est, une aile en retour d’équerre encadrant une cour qui fut par la suite doublée et, au sud, un jardin. L’article 233 du terrier de l’abbaye Saint-Julien décrit l’articulation entre les deux corps de logis :

« Pour une grande maison sittuée au midy de la grande rue au derrière de l’article précédent ayant son entrée et sortie dans laditte grande Rue par une grande allée qui est sous les chambres hautes […] » [AD37, H 528, f°424-425].

Extrait retouché du Plan de la ville de Tours, XVIIIe siècle, Tours, Archives départementales d’Indre-et-Loire, V/1.1.5.
Crédits : Photo © Archives départementales d’Indre-et-Loire.

 

Au XVIIIe siècle, l’hôtel Gazil prenait place au fond d’une parcelle déjà occupée côté rue par un corps de bâtiment. Il reste cependant impossible de déterminer s’il s’agissait là d’une disposition antérieure au XVIIIe siècle. Si les traces matérielles de l’hôtel ont disparu, des photographies anciennes et le dessin de Gatian de Clérambault datant de 1912 permettent d’appréhender son architecture [Clérambault, 1912, pl. 39]. Le corps de logis principal s’élevait sur quatre niveaux et son aile en retour d’équerre sur trois, les deux étant construits en pierre de taille. Les baies scindaient la façade du corps de logis en trois travées. À l’étage de comble, le pignon est percé d’un jour à l’ouest et de deux fenêtres plus fines surmontées d’oculi au centre. La façade de l’aile est rythmée, au rez-de-chaussée, par sept arcades accueillant des baies inscrites, au premier étage, par quatre fenêtres (sans doute des croisées) et, à l’étage de comble, par des lucarnes. Les arcades devaient être originellement à claire-voie, formant ainsi une galerie. L’ordonnance est soulignée par l’entablement qui file sur toute la longueur du logis et de la galerie, créant un lien continu entre les deux.

 

 

Des colonnes corinthiennes au fût lisse de grande dimension, positionnées devant chaque pilastre, supportent un cordon mouluré qui est lui-même surmonté d’un second cordon, identique au premier. L’espace compris entre les deux cordons forme une frise, sobre, ponctuée de courts pilastres situés à l’aplomb des colonnes et des pilastres. Ce motif, inspiré des arcs de triomphe, donne à la galerie une monumentalité encore accentuée par l’étroitesse de la cour. La corniche est soutenue par des petites consoles qui apparaissent vers 1540 et se retrouvent également sur la corniche de l’hôtel dit maison de Ronsard [Toulier, 1980, p. 107]. Deux cordons marquent aussi le changement de niveau entre le deuxième étage et le comble du logis.

 

Hôtel Gazil, rue du Commerce, après les bombardements, anonyme, novembre 1940, photographie, 6 x 9 cm, Tours, Archives départementales d’Indre-et-Loire, collections de Touraine, 3Fi0058-0004.
Crédits : © Archives départementales d’Indre-et-Loire, 3Fi0058-0004

 

Au contraire de la galerie mal ordonnancée de l’hôtel 27 rue du Cygne, postérieure à 1530 mais qui illustre la persistance des formes des années 1520, l’hôtel Gazil annonce ainsi  l’art classique de la Haute Renaissance qui apparaît à Tours, comme dans le reste de la France, autour de 1545-1550 [Toulier, 1980, p. 107]  

 

Bibliographie et sources

Archives départementales d’Indre-et-Loire, H 528, plan terrier de Saint-Julien de Tours (XVIIIe siècle).
Archives départementales d’Indre-et-Loire, V/1.1.5, Plan de la ville de Tours (XVIIIe siècle).
Base POP, IA00071273.
Gatian de Clérambault Édouard, « Tours qui disparaît », dans Mémoires de la Société archéologique de Touraine, T. V, 1912.
Toulier Bernard, « Les hôtels », dans L’architecture civile à Tours des origines à la Renaissance, Mémoire de la Société archéologique de Touraine, série 4°, T. X, 1980, p. 81-94.


Lien vers la fiche associée :

Hôtel des Trésoriers de Saint-Martin